Alicen’avait de sa vie vu de jeu de croquet aussi curieux que celui-là. Le terrain n’était que billons et sillons ; des hérissons vivants servaient de boules, et des flamants de maillets. Les soldats, courbés en deux, avaient à se tenir la tête et les pieds sur le sol pour former des arches. Ce qui embarrassa le plus Alice au
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Ony retrouve les cartes soldats qui clament « qu’on lui coupe la tête » en référence à la reine de cœur, les fleurs géantes, les arbres étranges, des pièces d’échiquier géant et bien d’autres encore ! Un peu plus tôt cette année, un événement donnait vie à l’univers d’Alice au pays des merveilles au cœur de Lisbonne.
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Lescinéastes au pays des merveilles (Partie 2) 9-Alice se retrouve dans le jardin de la reine où des soldats/cartes peignent des roses ; 10-Alice joue une partie de croquet contre la reine
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Logiciens et psychanalystes pensent tous que l’organisation de notre monde » dépend du langage que nous parlons. Pourtant, lorsque les uns et les autres prennent des exemples de polysémie, en grammaire et en sémantique, ils ne s’y retrouvent plus. C’est que les logiciens s’intéressent aux déductions, aux inférences si on change l’ordre de la grammaire, que deviennent nos perceptions ? Telle est l’épreuve à laquelle se soumet et nous soumet Alice. Mais en logique le critère des déductions valides sert à déterminer, in fine un rapport correct à la référence car l’ordre naturel des langues, les grammaires et la philosophie sont souvent fautifs à ce titre. Au contraire, en psychanalyse, on ne corrige pas la manière dont une langue ou un discours vise une référence ; on suspend avec méthode la considération de la référence puisque le principe de réalité » est une modification interne du principe de plaisir. On ne veut pas corriger logiquement le rapport à la réalité, on veut laisser se déployer et se transformer la polyvocité des langages par lesquels se déploient nos désirs. C’est un travail interne aux illusions. D’où, par exemple, l’expression freudienne de travail du rêve » ou celle de Lacan grammaire des pulsions ».Du coup, lorsqu’un psychanalyste est attentif à l’usage des exemples par un logicien, il se trouve transporté… au pays des merveilles, et l’inverse a lieu aussi. C’est à ce dépaysement que nous convie Ali Carroll disait d’Oxford ceci Ici, il n’arrive jamais rien. Jamais, il n’y eut un lieu pareil pour ne point faire se produire les choses. » Où se produisent donc les choses ? Allons au pays des merveilles, là où le sommeil a son monde à lui » et qui est parfois aussi vrai que l’autre [1] ». À prendre ce pays des merveilles au sérieux, nous saurons combien nous veillons dormant et nous dormons veillant [2] », combien nous savons en rêve ce que nous ignorons en vérité » et comment l’émerveillement s’oppose point par point à l’ennui Fatiguée de ne rien à faire » tired […] of having nothing to do, Alice quitte sa sœur pour le terrier du lapin car le livre sur lequel elle se penche et que lit sa sœur ne comprend ni conversations, ni images. Le terrier lui offrira des conversations à bâtons rompus et des images oniriques surprenantes. L’émerveillement s’oppose, pourrait-on dire, à l’ennui. Selon la vie ennuyeuse, tout est dit, tout se répète, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Dans l’émerveillement, on est sauvé de cette morne incuriosité », ou de ce désespoir fiévreux par la soudaine découverte d’autre chose d’un monde qui change et d’un moi capable de se transformer [3]. » 2Cela se cristallise dans la polysémie du mot wonder On dit tout aussi bien I wonder who’s at the door Je me demande qui est à la porte il est question de beaucoup de portes et de clés dans l’ouvrage de Carroll ; I wonder at your behaviour votre comportement m’étonne tous les comportements auxquels Alice est exposée sont étranges ; a wonderful sky un ciel admirable, the seven wonders of the world les sept merveilles du monde [4] et bien sûr Alice’s adventures in wonderland Les Aventures d’Alice au pays des merveilles. Le premier sens est récurrent Je me demande. » Alice ne cesse d’associer sa question Je me demande » à l’étrangeté, au caractère bizarre de la soudaine nouveauté, ou soudaine nouvelleté the out of the way things. J’aborderai ce qu’on appelle l’ardeur juvénile », la fraîcheur juvénile » par ce biais le rapport radical à la nouveauté qui rompt non seulement avec l’ennui, mais aussi avec les corrélations coutumières, les habitudes. 3Du coup, c’est bien d’une attitude et non d’un âge qu’il s’agit, une attitude de constante curiosité et de constante transformation où le langage lui-même emprunte des chemins labyrinthiques et accompagne par un désordre apparent du sens les aventures d’ sensoriel, égocentricité et attente perceptive l’estime des apparences4Dans le jugement de perception Ceci est chaud », on passe de l’état primitif du langage où chaud » est un mot-objet à valeur égocentrique, à un jugement où ce mot a perdu cette valeur En passant de “chaud’’ à “ceci est chaud”, nous effectuons une analyse la qualité “chaud” est délestée de son égocentricité et l’élément égocentrique précédemment implicite est rendu explicite par les mots “ceci est”. Ainsi, dans un langage évolué, des mots tels que “chaud”, “rouge”, “doux”, etc., ne sont pas égocentriques [5]. » C’est ce qui se passe d’ordinaire dans le langage, mais, dans le conte de Lewis Carroll, les mots gardent leur égocentricité Mange-moi », écrit sur le pot de confiture, bois-moi » écrit sur la bouteille. 5Avec le maintien de l’égocentricité, c’est-à-dire d’une référence directe à un je-ici-maintenant », il y a le maintien de l’activité de dénomination, alors que celle-ci laisse en général dans le langage coutumier place à de la description on lit des ouvrages d’histoire et de géographie et on apprend par description sans refaire le voyage de Magellan, par exemple au cap Horn, pour le nommer. On fait en somme confiance à la description. L’expérience perceptive n’est pas résorbée dans le langage et ne se réduit pas à chaque fois au noyau sensoriel, ce qui est immédiatement donné aux sens. 6L’expérience perceptive se traduit habituellement par une attente quand on voit un chat, on s’attend à ce qu’il miaule, à ce qu’il ait une démarche féline, mais il reste qu’il est logiquement possible que ces choses attendues phénoménologiquement n’aient pas lieu. Nous sommes alors dans le monde supposé étrange d’Alice, au pays des merveilles, où les sensations ont lieu sans les expériences perceptives. Le chat de Chester apparaît et disparaît, et l’étrangeté n’est pas réduite quand, satisfaisant Alice, il ne disparaît pas aussi vite qu’il apparaît, quand Alice ne voit de lui qu’un sourire elle savait ce qu’était un chat sans sourire, mais un sourire sans chat ? À l’apparition onirique ou hallucinatoire correspond le nouvel ordre des mots sourire sans chat en lieu et place de chat sans sourire. D’ailleurs, quand on pose une question et qu’on n’a pas la réponse, peu importe l’ordre des mots, lit-on à propos de la question d’Alice les chats mangent-ils les chauves souris ou les chauves-souris mangent-elles les chats ? 7 J’aimerais bien que vous cessiez d’apparaître et de disparaître si rapidement », dit Alice au chat de Chester ; très bien’’ dit le chat, et cette fois il s’évanouit lentement, en commençant par le bout de sa queue pour finir par le sourire qui demeura en suspens quelque temps après tout le reste [6]. » Alice a donc des sensations sans expérience perceptive et l’épreuve qu’elle vit est celle de la déliaison permanente entre le noyau sensoriel et l’expérience perceptive, déliaison qui met à mal l’inférence de l’un à l’autre. 8Trois remarques à ce sujet 91 En l’absence de cette épreuve extrême, nous vivons, à l’état de veille, une amplification de notre sensation par ce procédé d’inférence que Bertrand Russell qualifiait de spontané », d’ animal », d’ instinctif », et qui nous rappelle l’enracinement organique de la croyance je vois quelque chose de lourd que j’ai à porter et mon corps s’attend à cela et agit en conséquence. Mais Alice est en apesanteur puisqu’elle tombe dans le terrier sans se faire mal. Elle a perdu ce sens organique de la croyance. 102 Grâce à l’épreuve extrême d’Alice, nous comprenons que ce que le sens commun accepte de manière non critique comme une donnée de la perception est bien souvent inféré, construit. Or, seuls nos sensations et nos souvenirs sont des données véritables pour notre connaissance du monde extérieur. Nous devons exclure de notre liste de données, non seulement les choses que nous inférons de façon consciente, mais aussi tout ce qui est obtenu par inférence animale, comme la dureté imaginée d’un objet vu mais non touché [7] », ou encore l’idée que c’est bien le même chien dont il s’agit quand l’on l’entend seulement aboyer parce que momentanément un arbuste le cache. 113 Le problème du solipsisme se pose dans le cas d’Alice. Si, d’une part toutes les données sont privées et s’il n’y a pas d’argument, démontrable logiquement, qui me permette de passer d’une donnée à une autre, alors il peut sembler que je sois obligé de ne croire qu’en ma seule existence. Mais, en réalité, toute parole en mon nom suppose que je sache comment délimiter le moi par rapport à ce qui n’est pas moi, ce qui donc suppose l’existence d’autre chose que moi Si les autres personnes et les choses n’existaient pas, le mot moi-même’’ perdrait son sens, car c’est un mot qui délimite et exclut [8]. » Il n’est pas sûr qu’Alice, devenue une perception, un télescope, un serpent, puisse dire moi ». Le solipsisme reste et catégorisation12 Qui es-tu ? », demande la chenille à Alice, en donnant un conseil de poids à la petite fille Ne perdez jamais votre sang-froid » never lose your temper et keep your temper. Il arrive souvent qu’Alice soit contredite, or elle doit faire avec les contrariétés que cette nouvelle vie, où toutes ses habitudes sont suspendues, lui impose. La question sur l’identité n’arrive qu’à la faveur d’un déplacement Alice tombe dans le terrier du lapin et se trouve en apesanteur, perdant cette qualité première qu’est la gravité, la petite fille devient elle-même une perception, ou plutôt tend à être une perception parmi les perceptions. Dans une veine humienne, Lewis Carroll refuse le dédoublement d’une perception et de son objet. En réalité, une perception considérée pour elle-même est un objet à part entière, et une perception considérée dans sa liaison avec d’autres perceptions est un acte de l’esprit. Il n’y a donc pas de dualité, mais un simple changement de point de vue. Ici, les perceptions ne sont pas reliées pour faire esprit, ce sont donc les choses elles-mêmes. 13Le pigeon ne s’y trompe pas il ne pose pas la question Qui êtes-vous ? », mais Qu’êtes-vous ? [9] », laissant Alice avec l’énigme d’être en un sens un serpent parce qu’elle partage avec cet animal l’apparence extérieure le cou très long et la propriété de manger comme lui des œufs. Se pose en filigrane dans cet exemple la remise en cause de la définition de ce qu’est une espèce vivante jusqu’à Darwin, on mettait en avant les ressemblances et non la descendance ou la filiation. La parodie de cette définition de l’espèce par la ressemblance, c’est que, sous un certain aspect, tout ressemble à tout. 14Le changement de lieu est un préalable pour de nombreuses métamorphoses Alice change de taille et ne peut plus expliquer ce qu’elle est, ni reconnaître des parties d’elle-même comme étant d’elle-même pieds, épaules, etc. Les pieds devenus lointains sont comme des données à part. Aristote avait explicitement posé le problème de l’unité substantielle de l’individu dans le traité des Catégories ma main a-t-elle une quelconque autonomie par rapport à moi ? Il avait tranché en expliquant que telle main n’est pas telle main donnée de quelqu’un, mais la main de quelqu’un. Les parties du corps ne sont donc pas en relation avec nous, mais sont de nous. On ne peut se juger si on ne s’y connaît pas en catégories [10] », notait Wittgenstein à la fin des Remarques mêlées. 15Cependant, pour Alice, de quoi pouvons-nous avoir l’air quand notre taille se réduit jusqu’à n’être plus que celle d’une flamme qui va s’éteindre ou quand le cou est si grand qu’il s’apparente plus à une tige végétale qu’à un cou humain ? Le Gulliver de Swift se réveille comme corps dont toutes les sensations sont discontinues les unes d’avec les autres et surtout hétérogènes l’orteil, le bras, prennent leur autonomie face au reste du corps en raison de leur taille disproportionnée par rapport à la cause de leur stimulation les attaques des lilliputiens. Comment peut-on garder une quelconque affinité avec nos pieds ou même avec nos épaules, quand notre cou entortillé comme un serpent est devenu démesurément long ? 16Voilà bien des images de rêve ou des hallucinations auxquelles on aurait tort de prêter moins d’attention que celle que l’on porte à l’univers physique qui nous entoure et qui n’est qu’une vaste construction Les fantômes et les hallucinations pris en eux-mêmes sont exactement sur le même niveau que les données sensorielles ordinaires. Ils ne diffèrent des données sensorielles ordinaires que par le fait qu’ils n’ont pas avec les autres choses les corrélations habituelles. En eux-mêmes ils ont la même réalité que les données sensorielles ordinaires [11]. » Alice perd la continuité, et la corrélation, de ses impressions et nous fait entendre que cette continuité ainsi que cette corrélation sont une construction les corrélations coutumières sont comme mises en suspens par l’expérience onirique. À l’état brut ou donné, nos impressions sont bien discontinues, mais la discontinuité ne signifie pas irréalité aucune ne se déduit de la précédente de manière logique et toutes ont une pleine réalité. La fable de la vie est de construire le lien d’habitude entre elles. 17C’est la grande découverte de David Hume les données privées de nos sens sont toutes autonomes et pleinement réelles ; toute connexion entre elles est une construction. C’est pourquoi il faut prendre nos rêves au sérieux, ils nous informent sur la nature de nos impressions, sans toutes les constructions mentales de la vie diurne. Les associations libres de Freud nous font entendre que nos perceptions, nos pensées supposent un lien. Mais ce lien est tout sauf logique, aucune déduction ne saurait l’imposer. Prenons-le pour fortuit pour comprendre combien les liens que nous pensons non fortuits sont d’abord des liens construits on évite de faire de ces liens des données et, conséquemment, de les essentialiser ou, pire encore, d’en faire un destin nécessaire. Si ces liens font destin, c’est à la faveur d’une pure contingence et à la manière d’une fable, d’un conte. 18En réalité, peu de chose nous est donné. Nous commençons par les associer par la conjonction, avant de les rendre dépendantes l’une de l’autre par la prédication. Le et » précède et conditionne le est ». Mais nous ne nous rendons compte de la force de la conjonction que par le rêve bien souvent je vois du caillou, je vois du bleu, ou bien je vois un corbeau et je vois du noir, c’est là des conjonctions. Puis je dis que le caillou est bleu » ou le corbeau est noir [12] » ce sont des prédications. Je commence à associer librement avant d’identifier, avant de focaliser sur une réalité. Pour éviter à la fois l’apothéose de la copule est » dans le jugement prédicatif et l’absolutisation du verbe être », faisons justice à la conjonction pour en finir, comme dirait Gilles Deleuze, avec le jugement. C’est pourquoi, en toute logique, nous pouvons être solipsistes le monde peut avoir commencé, il y a cinq minutes, tant que je ne mobilise pas tous les postulats ou demandes rationnelles, comme, par exemple, la continuité spatio-temporelle, l’analogie ou les lignes causales [13] chacun de ces postulats affirme que quelque chose se produit souvent » et chacun justifie une attente rationnelle qui n’atteint pas la certitude [14] ». Ces postulats font passer nos prédications pour naturelles, alors qu’elles sont le produit de réifications et de focalisations multiples Pour le très jeune enfant, qui n’est pas allé au-delà des énoncés d’observation, la présentation répétée d’un corps ne diffère pas beaucoup d’effets stimulatoires semblables qui de toute évidence n’entraînent pas de réification. La mise en présence répétée avec une balle ne diffère pas au début de la simple exposition répétée à la lumière du soleil ou à l’air frais savoir s’il s’agit toujours de la même balle n’a pas plus de sens que de savoir s’il s’agit du même rayon de soleil ou de la même brise. À ce stade, selon l’expression de Strawson, l’expérience est comme la mise en place du spectacle. L’individuation viendra plus tard [15]. » La vie est réalité construite. Tant de poésie dans le juvénile ! Le texte de Lewis Carroll est ponctué de poésies plus ou moins absurdes. 19Alice est juvénile. Réduite à son noyau sensoriel donné, sans expérience perceptive construite, elle nous indique cette place solipsiste où le rêve nous introduit et à laquelle il est toujours bon de revenir pour mesurer le type de lien qui nous la fait oublier. Alice sait qu’elle n’est ni Marion, ni aucune de ses autres amies, mais, positivement, il est difficile de dire ce qu’elle est, ayant tant changé que tout critère d’identité se trouve lui-même invalidé. Elle est sans qualités. Tout est emporté dans ce branloire pérenne » et le jugement et le jugé [16] », et ce qu’elle dit d’elle-même et elle-même. Elle est donc bien perception parmi les perceptions. Il ne s’agit bien évidemment pas d’un dédoublement de personnalité la modification corporelle dit assez qu’Alice est plusieurs Alice, toutes distinctes les unes des autres comme nos données sensorielles, mais elles ne sont pas superposables simultanément. Si Alice a du chagrin, il faut bien qu’elle soit noyée dans son chagrin elle aura ainsi la taille suffisamment petite pour nager dans la mare de larmes qu’elle a déversées quand elle fut plus grande. 20Parler d’identité comme d’une notion claire, stabilisée, peut-il faire encore sens ? La question de la chenille Qui es-tu ? » ne prend sens qu’à partir d’expériences de métamorphoses, même si la question revient après un premier échange verbal pour souligner que les interlocuteurs ont fait du sur place », indication d’un réel qui insiste parce qu’il n’est pas pris en compte. Que ce soient les métamorphoses d’Alice ou les exploits de Don Quichotte, le sur place », la réalité à laquelle on ne fait pas face, qu’on combat comme le fait Alice ou Don Quichotte par la colère, par le fait de sortir de soi, est l’ombre portée de l’ un labyrinthe sémantique21C’est comme si, empruntant un labyrinthe, on se rend compte qu’on revient au même endroit, qu’on est perdu comme la Phèdre de Racine Et Phèdre au labyrinthe avec vous descendue / se serait avec vous retrouvée ou perdue. » Le salut de Phèdre ne vient pas de la sortie du labyrinthe, mais d’être reconnue par Hippolyte. Dans le livre de Lewis Carroll, c’est sous forme d’un labyrinthe sémantique présenté cependant dans une correction syntaxique que l’attribution d’identité sera faite par la duchesse Ne t’imagine jamais ne pas être autrement que ce que qui pourrait sembler aux autres que ce que tu étais ou aurais pu être n’était pas autrement que ce que tu avais été leur aurait semblé être autrement ». On est mis au défi de suivre logiquement le sens de la phrase même si, syntaxiquement, il n’y a rien à redire [17]. La duchesse propose cette phrase comme un équivalent plus simple, pense-t-elle, de la phrase Soyez ce que vous voudriez sembler être. » On ne gagne pas nécessairement en signification par cette traduction en une phrase plus courte, car comment être ce que je veux sembler être si mon apparence doit encore convoquer ma volonté pour coïncider avec mon être ? 22Entre apparence, imagination, négation et changement, l’identité devient un labyrinthe. Le trouble saisit Alice qui demande du papier et un crayon pour pouvoir parcourir à nouveau la phrase. Elle ne la saisira pas plus, elle sera comme sous hypnose, continuant à explorer ce monde étrange dans lequel les choses bizarres the out of the way things deviennent au fur et à mesure un peu moins surprenantes, non parce qu’elles sont devenues coutumières, mais parce qu’Alice a développé une accoutumance à l’étrange. 23Quand Alice répond à la chenille qu’elle ne sait plus qui elle est, vu les nombreuses métamorphoses qu’elle a connues depuis peu, les différents changements de taille, notamment, on voit bien qu’elle ne peut convaincre la chenille ne se métamorphose-t-elle pas tout simplement en chrysalide, puis en papillon ? Il faut ou chercher ailleurs comment sortir du labyrinthe de l’identité, ou abandonner la question, en reconnaissant la continuité entre le monde animal et le monde humain condition pour se libérer non du sens mais de la recherche du finir avec le sens24Il y a loin du possible au croyable Il ne faut pas juger ce qui est possible et ce qui ne l’est pas selon ce qui est croyable et incroyable à nos sens [18]. » Il y a la mesure de nos sens et celle de nos actions qui en dérivent aussi pensons-nous difficile de croire ce que nous ne savons pas faire Et est une grande faute en laquelle la plupart des hommes tombent ce que je ne dis pas pour Bodin de faire difficulté de croire d’autrui ce qu’eux ne sauraient faire [19]. » L’expédient que les hommes trouvent pour limiter l’action de leurs semblables est de la dire impossible et incroyable. Le possible jugé est nié. 25– On ne peut pas croire des choses impossibles », dit Alice. 26– J’ose dire que vous ne vous y êtes pas beaucoup exercée », fit la Reine [20]. 27Pour libérer le possible du croyable, il importe de se libérer du sens. Pour en finir avec le sens comme d’autres, Deleuze en particulier, disaient en finir avec le jugement, il convient de faire le voyage dans les mots dont le règne est consacré par le monde onirique. 28La décomposition du sens va au-delà de sa déconstruction. Il ne s’agit pas de mettre en chantier, comme Jacques Derrida l’avait fait, les constructions du sens, mais de le décomposer. Cela se fait de multiples façons. Toutes ces façons ont ceci de commun qu’elles agissent sur le contexte, sur les sonorités, sur le comportement linguistique, sur les rites d’apprentissage scolaire, en laissant indemne le sens coutumier des mots. À aucun moment, le sens habituel des mots n’est remis en cause. Lewis Carroll agit sur la composition du sens non sur son acquisition. Quelques exemples 291 La rupture de construction du sens. Ce que l’on pourrait appeler l’anacoluthe du sens dans le chapitre sur la séance de thé. Après la décomposition du temps successif il est toujours six heures, l’heure du thé – le temps se venge car il est battu en musique –, on assiste à la confrontation entre un sens présuppositionnel et un sens logique du mot plus ». Un peu plus de thé », dit le lièvre de mars à Alice. Comment puis-je en avoir plus, puisque je n’en ai pas encore eu ? » Le chapelier fou s’interpose Vous voulez dire comment avoir moins, car on a toujours plus que rien. » Le sens logico-mathématique de plus » est indéniable, le sens présuppositionnel est indéniable, et c’est la superposition des deux qui devient intenable. 302 L’apprentissage des règles de grammaire comprend une partie rituelle. Il suffit d’abstraire cet aspect rituel, de le considérer pour lui-même, de l’isoler et de le cultiver pour faire apparaître sa part d’absurde une fois mis en contexte d’usage. Alice cherche à parler à la souris rencontrée au début du conte au moment où elle est noyée dans son chagrin, et qu’elle nage dans ses larmes. Comment s’adresser à la souris ? Elle commence par dire Ô souris ! » C’est le vocatif. Elle se souvenait en effet avoir lu dans la grammaire latine de son frère Une souris, d’une souris, à une souris, par une souris, Ô souris [21] ! » Échec de communication l’apprentissage de la règle n’est pas apprentissage des contextes d’usage. Autre essai, en une autre langue, le français, car il se peut que ce soit une souris française venue avec Guillaume le Conquérant. Le deuxième essai fonctionne, mais produit un effet contraire la souris s’éloigne. Il vient aussi des leçons apprises. Où est ma chatte ? » c’était la première phrase de son livre de français. La souris fait un bond hors de l’eau et frissonna d’épouvante [22]. » De nouveau, c’est la confrontation entre un exemple venu de l’apprentissage où l’on apprend les règles pour elles-mêmes en créant une situation factice et un contexte d’usage, d’indexicalité où la référence des mots est visée, qui produit une inquiétude quant au sens. C’est ce jeu entre les deux contextes qui préside à l’ouverture de la pièce de théâtre de Ionesco La Cantatrice chauve. L’idée de M. Smith saluant Mme Smith, son épouse, et parvenant par l’échange verbal à reconnaître qu’il s’agit de son épouse lui est venue par son désir d’apprendre la langue anglaise par la méthode Assimil où des phrases toutes faites de cet ordre étaient proposées. Ionesco décrit qu’il n’a pas pu apprendre l’anglais, car il ne parvenait pas à s’abstraire de l’indexicalité des mots en question. Résultat soit on apprend, sans faire jouer la référence, et c’est l’apprentissage qui tourne à vide, soit on n’apprend pas, car en mobilisant la référence, on oublie la visée des exemples qui sont des exemples de laboratoire de langue et non des mots imprégnés de forme de vie. À chaque fois, on en finit avec le sens, resté intact, indemne pourrait-on dire, immune même. 313 L’homonymie se placer à la surface des mots pour développer leur iconicité et leur fantaisie. Cette fois-ci, il s’agit d’en finir avec la synonymie. Prenez soin du sens, les sons prendront soin d’eux-mêmes », dit la duchesse à propos de la synonymie. Celle-ci est un grain de sable extra linguistique introduit dans la machine linguistique. Que serait en effet ce sens qui serait identique à travers deux expressions différentes, et surtout où siègerait-il ? L’homonymie proposée n’est pas arbitraire, elle inaugure un sens nouveau. Sa place est reconnue, elle est étalée devant nous dans la juxtaposition des homonymes. Tortoise/taught us, ou encore tale/tail, lesson/lessen. Il y a une matérialité et une spatialité de l’homonymie qui résiste à toute décomposition. En revanche, la synonymie suppose que nous puissions identifier un lieu idéal où elle tiendrait. Le problème est que la synonymie suppose la postulation d’une thèse métaphysique forte il y aurait un ciel platonicien où nous avons une identité du sens entre l’étoile du matin et l’étoile du soir, entre 2+2 et 3+1, etc. Une conception behavioriste et physicaliste où la signification résulte du comportement verbal de locuteurs en présence de stimuli non verbaux selon les capteurs sensoriels est une objection forte contre la doctrine de la synonymie, car elle montre que le comportement n’est jamais une preuve univoque du sens [23] » et que deux individus différents ne sauraient être stimulés de la même façon, même s’il leur arrive d’acquiescer de même façon. Mais l’identité d’assentiment n’est pas identité de signification. La première sert des objectifs de communication, la seconde est en fait sans usage. Ajoutons que la recherche de la synonymie confine à l’obsession de possession on dit que deux signes signifient la même chose, comme on dirait de deux personnes qu’elles possèdent une même maison, dit Wittgenstein [24], car on se met à rechercher quelque chose que les deux signes signifient Moyennant quoi, on se met à rechercher avec compulsion quelque chose qui tienne lieu de signification [25]. » Si c’est l’usage qui compte, et si nous utilisons une expression et non pas une autre, c’est que ce n’est pas la synonymie qui importe. 324 La remise en cause de la fonction phatique du langage, du dédoublement du sens en propre et figuré, des expressions idiomatiques je ne pense pas » au sens de je ne crois pas » – Alors taisez-vous » ; ou encore c’est changer souvent de taille qui me gêne, vous savez » – Je ne sais pas. » On est désorienté sur la base d’une préservation du sens premier et même prêt à perdre son sang froid, d’où l’avis de la chenille never lose your temper. 335 L’inscrutabilité de la référence. Les indexicaux comme cela », les pronoms comme il », perdent leur fonction de focalisation sur telle ou telle réalité. Guillaume le Conquérant a envahi l’Angleterre avec l’aval des dignitaires anglais, que Guillaume le Conquérant ait envahi l’Angleterre, l’archevêque trouva cela » raisonnable. Le problème se pose À quoi renvoie cela » ? Si cela » a une fonction d’index d’une réalité parti- culière et concrète, il ne peut renvoyer à l’occupation de l’Angleterre qui ne fait pas partie de l’inventaire du monde, comme fait partie de cet inventaire une grenouille ou un ver pour un canard. On ne se sèche par le discours fonction symbolique que si l’on admet la perte progressive de l’égocentricité des mots et la possibilité de faire usage de la focalisation. Sinon, le discours reste un noyau sensoriel sans relève linguistique, un rêve humide en quelque sorte. 346 En finir avec le jugement aussi, et pas seulement avec le sens. La sanction d’abord, le jugement après sentence first, verdict afterwards ». La reine a la possibilité d’aller dans les deux sens du temps du futur vers le passé et du passé vers le futur, elle peut donc parler de sanction avant de parler de jugement. Le temps lui obéit en quelque sorte. Analytiquement, il s’agit en fait d’en finir avec le jugement, comme le dit Deleuze, car l’accusation, la délibération, le verdict se confondent à l’infini [26] ». Quatre auteurs emblématiques de cette confusion selon lui, mais on pourrait ajouter Lewis Carroll Artaud, Kafka, Nietzsche, Lawrence. Dans le livre de Lewis Carroll, c’est le jeu qui en finit avec le jugement moral la duchesse qui considère que tout a une morale et qui est chassée par la Reine qui rappelle à Alice l’importance du jeu Allons jouer. Le jeu d’un côté et le rêve qui l’abrite de l’autre côté les deux constituent la distance qui permet de se guérir du jugement des autres, pour reprendre une expression d’Artaud utilisée dans sa correspondance avec Jacques Rivière à propos de la poésie, en 1923-1924. J’ai pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi » Artaud à Jacques Rivière. La reine peut bien juger, et dire head off à Alice, celle-ci, se réveillant petit à petit, en retrouvant sa taille normale, c’est-à-dire en renouant avec la pesanteur, lui rétorque Qui se soucie de vos ordres, vous n’êtes qu’un paquet de cartes. » Au sein même du rêve, les jugements de la Reine sont sans suite, car les mis à mort partent avant, il arrive aussi à la reine d’oublier, ou de donner le choix à la duchesse par exemple, etc. À la place du jugement, il y a l’hypothèse et la considération des faits et une partie de cartes qui ne finit jamais, soit parce qu’on se remet à jouer, soit parce que le jeu terminé, il n’y a ni conséquence, ni importance. On suppose et on raconte, mais surtout on ne termine pas les histoires on ne saura jamais comment la pseudo-tortue est devenue fictive, elle qui fut bien réelle, on ne sait pas ce que la cuisinière cuisine dans sa marmite poivrée qui provoque tant d’éternuement. Tous les chemins mènent bien quelque part pourvu qu’on les poursuive longtemps, dit le chat, et de même pour les histoires. Le possible, l’hypothétique, échappent au jugement et à la croyance qui ont tendance à le convertir vite en impossible, et ce qui doit être les leçons, la morale, la grammaire laisse place à ce qui pourrait être. Le lecteur reste avec son wondering, ses questions étranges, à l’abri de la colère. Juvénile donc mais jovial aussi. Notes [1] Lewis Carroll, Journal, 9 février 1856. [2] Michel de Montaigne, Essais. [3] Michael Edwards, Shakespeare et la comédie de l’émerveillement, Paris, Desclée de Brouwer, 2003, p. 17. [4] Ces exemples sont donnés par Michael Edwards, L’Émerveillement., p. 93. [5] George Allen & Unwin, An Inquiry into Meaning and Truth 1940, Londres, trad. franç. Signification et Vérité, Paris, Flammarion, 1969, p. 143. [6] Alice au pays des merveilles, trad. franç d’André Bay, Belgique, Bibliothèque Marabout, 1978, p. 82. [7] Georges Allen & Unwin, Human Knowledge, its Scope and Limits, Londres, 1948, 1976, p. 185. [8] Ibid., p. 191. [9] What are you » ? [10] Ludwig Wittgenstein, Remarques mêlées, TER, trad. franç., 1984, p. 103. [11] Bertrand Russell, Philosophie de l’atomisme logique, trad. franç., in Écrits de logique philosophique, Paris, PUF, 1989, p. 434. [12] Voir William Van Orman Quine, La Poursuite de la vérité, trad. franç., 1993, p. 25 et p. 48. [13] Bertrand Russell, La Connaissance humaine, sa portée, ses limites 1948, trad. franç., Paris, Vrin, 2002, p. 523. [14] Ibid. [15] O. Quine, op. cit., p. 48-49. [16] Michel de Montaigne, Essais, Livre II, XII. [17] La phrase dans le texte originel Never imagine yourself not to be otherwise than what it might appear to others that you were or might have been was not otherwise than what you had been would have appeared to them to be otherwise », in Lewis Carroll, Alice’s Adventures in Wonderland, INC, New York, Dover Publications, 1993, p. 61. [18] Montaigne, Essais, Paris, PUF, p. 725. [19] Ibid., p. 723. [20] De l’autre côté du miroir, Marabout, trad. franç, p. 231. [21] Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, trad. franç. d’André Bay, Bibliothèque Marabout, p. 33. [22] Ibid. [23] Jean Largeault, Quine, le continuisme et la fin de l’épistémologie néo-positiviste, in Revue philosophique, n° 3, 1994, p. 320. [24] Ludwig J. J. Wittgenstein, Dictées à Waissmann et pour Schlick, trad. franç., 1997, p. 81. [25] Ibid. Voir Quine Mon propos n’est pas de remettre en cause les dictionnaires, qu’ils soient ou non bilingues. Mais de souligner que leur utilité ne repose pas sur la synonymie, que ce soit en matière de traduction ou de paraphrase. Le propre d’un dictionnaire est d’aider les usagers d’une langue à réaliser les diverses fins qu’ils se proposent fournir ou rassembler des informations, persuader, passer des accords, planifier, théoriser et se délecter de sons, d’images et de fantaisies », in Quiddités, Paris, Seuil, 1992, p. 219. [26] Gilles Deleuze, Critique et Clinique, Paris, Minuit, 1993, p. 158.
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